lundi 11 avril 2011

Note précédant le passage de la Grande Faucheuse


Je ne compte pas mourir du jour au lendemain, mais on ne sait jamais !

Imaginez : Hamilton marche tranquillement dans une rue ensoleillée de Saint-Gilles, passe sous la fenêtre d’un pianiste perfectionniste mais malhabile et se fait écrabouiller par le piano que le musicien, dans un geste de rage incontrôlée, balance par la fenêtre. Une seconde avant, Hamilton était un "petit" gars d’un mètre 72. Une seconde après, il mesure 5 mètres (le pied !). (C'est la vie !)

Ou encore : à la recherche d’un volant qu’il n’atteindra jamais, dans un de ces matches de badminton pitoyablement mauvais dont lui seul connaît la configuration (il fait ce qu’il peut, le bougre !), Hamilton s’écroule, terrassé par une crise cardiaque foudroyante (à 31 ans, quand le cœur lâche, ça ne pardonne pas). (C'est la vie !)

Ou encore : essayant d’installer un piège à base de pointes acérées en acier trempé sortant du sol (sa grande obsession du moment), enclenché par un mécanisme par trop complexe dont il croit avoir le secret, Hamilton se fait gravement déchiqueter par sa propre invention. Ses membres ensanglantés, comme les feuilles mortes, se ramassent à la pelle. (C'est la vie !)

Ou enfin : Hamilton, pour faire le malin devant ses copains, tente d’assembler manuellement une masse critique de plutonium en la contrôlant avec deux demi-sphères de béryllium qu’il retient à l’aide d’un vieux tournevis rouillé, mais sa main dérape. (Il est très maladroit.) Un rayonnement bleu de mauvais augure se dégage dans la pièce et le pauvre Hamilton se prend d’un seul coup 14,64 sieverts dans la gueule. Il meurt quatre heures plus tard au CHU Saint-Pierre à Bruxelles, sous le regard amusé de médecins forcément sadiques, la majeure partie de ses organes liquéfiés. Miam miam miam, it’s delicious ! (C'est la vie !)

Bref.

Tout ça pour dire qu’il vaudrait mieux que je fasse mon testament avant de mourir.
Parce qu’après, c’est trop tard, hein (bah oui !).
Et quoi de mieux qu’un blog pour écrire ce genre de choses ? C’est gratuit (j’emmerde les notaires !) et tout le monde peut lire mes dernières volontés, sans aucune possibilité de falsification…

En fait, ce n’est pas vrai du tout.

Léandra possède les droits d’administration de ce blog. Je l’imagine, après ma mort, changer l’entièreté de mon testament, juste pour rire un bon coup, avec des phrases du style : "Je veux que tout le monde s’habille en tutu et chante le fabuleux "Tirelipimpon sur le Chiwawa" de Carlos" ou encore "Je veux qu’on lise l’entièreté de la Première épître aux Corinthiens, dont les fidèles recommandations ont déposé sur le chemin de ma vie tant de joie et de bonheur christique. Amen.", ou enfin : "Je veux que passe en boucle l’intégrale de Queen au funérarium !". L’horreur suprême... Même mort, je ne m’en remettrais pas.

Léandra, si tu fais ça, je te tue !
(Ah bah non, je ne pourrai pas, vu que je serai mort.)
(Punaise, c’est bien ennuyant quand même, toute cette histoire de mortalité.)

Bref.

Voilà donc, en huit (prononcez wouite, en belge) points, mon testament.
Je ne supporte pas donner des ordres (ni en recevoir), mais je ferai une exception.
J’en ai le droit, car je suis mort. Les morts ont tous les droits, ces cons.

Ce que je dis ci-dessous est sérieux.
Testament

1. Je veux le cercueil le moins cher. La bête boîte en sapin, quoi. (Jusque là, ce n’est pas trop compliqué.)

2. Je veux être incinéré. Peu importe où. Et je veux l’urne la moins chère (un Tupperwareferait amplement l’affaire, mais il paraît que c’est interdit).

3. Ni fleur, ni couronne, ni souvenir, ni médaille. Comme l’a écrit le vieux Charles, qui n’a pas dit que des conneries, "si l’une quelconque m’était décernée, ce serait en violation de mes dernières volontés". Gardez plutôt l’argent pour boire un Orval – ou une camomille – après la cérémonie.

4. Aucun discours débile sur "le bateau du souvenir" ou ce genre de références nunuches à deux francs cinquante (je me souviens encore très bien de l’incinération de mon grand-père et de cette très bête dame récitant tout son bla-bla ridicule). À plus forte raison encore : aucun discours religieux. Si des amis veulent prendre la parole, je leur fait confiance (de toute façon, je n’ai pas trop le choix) pour faire un beau discours humaniste.

5. Aucun symbole (même laïque), aucun drapeau (même noir), aucun rituel autre qu’une éventuelle simple prise de parole.

6. Aucune personne que je n’aime pas et/ou qui ne m’aime pas (elles auront, j’espère, le bon goût de se reconnaître) durant la cérémonie. Je préfère que cette dernière réunisse seize amis (ils se reconnaîtront, eux aussi) et les quelques membres de ma famille proche que j’estime plus que tout plutôt que 200 individus qui n’en n’ont rien à battre et qui seront juste là pour bouffer les répugnants petits sandwiches à l’américain servis durant la crémation.

7. Les musiques à placer durant la cérémonie sont les suivantes :
- "Grand Dark Feeling of Emptiness" de Bonnie 'Prince' Billy ;
- "Movie (Never Made)" de Silver Mt. Zion ;
- "Washer" de Slint.

8. Si, pour une raison ou pour une autre, ces préceptes n’étaient pas respectés, en tout ou en partie, soyez maudits jusque la septième génération ! Pfff, non, je rigole : en fait, je ne serai plus que du néant, donc ce n'est vraiment pas du tout important.

mardi 5 avril 2011

[HUMEUR] Comment je me suis disputée

 

Tiens, j'ai appris qu'un ancien copain d'université qui ne m'adresse plus la parole lit régulièrement ce blog (enfin, régulièrement, c'est beaucoup dire, vu le peu de zèle dont Hamilton et moi faisons preuve pour alimenter ces pages ces temps-ci - toutes nos excuses, on a d'autres trucs en tête : lui, ses nains, moi, bah l'amour).

Je lui fais donc coucou au passage. Hello, Hijame.

J'ai tendance à me disputer avec les gens. Avec les hommes. Vraiment, je ne sais pas pourquoi, mais je suis douée pour ça. J'arrive à m'embrouiller sur des malentendus, puis à faire enfler le truc (n'y voyez aucune allusion salace) jusqu'à des proportions démesurées.

La première fois, j'avais 14 ans. Le type s'appelait Samuel.

Il était arrivé dans ma classe quelques mois après la rentrée. Il m'a tout de suite beaucoup plu. Il avait une gueule d'ange, mais c'était un petit dur (toujours sans allusion salace). On est devenus très bons copains, on passait pas mal de temps ensemble. C'était assez improbable, moi la bonne élève, et lui le cancre, avec ses cheveux pleins de gel. Je lui faisais ses devoirs, je le laissais tricher aux interros. Il en profitait un peu mais c'était bon enfant. 

Déjà à l'époque, je tombais facilement amoureuse. Et c'est là que pour la première fois est apparue dans ma caboche l'idée fixe saugrenue, que dis-je la certitude, qu'il fallait absolument le montrer de façon très spectaculaire. Il n'a pas aimé ça du tout, le gamin. Passe encore d'être l'ami d'une intello, mais assumer mes déclarations loufoques (je ne me souviens plus des détails, mais j'en ai fait des belles), c'était trop pour lui. Il a réagi comme un petit con, comme on réagit à 14 ans. Il a été méchant, moqueur, j'ai beaucoup pleuré (comme on pleure à 14 ans) et la brouille a duré des années.

(Aujourd'hui, le petit Samuel est sous-chef de gare. Il m'a vendu un ticket de train un jour que je rentrais de chez mes parents. On s'est salués cordialement. Il m'a même invitée sur Facebook, pas gêné de barboter avec sa copine dans la piscine sur sa photo de profil. Mais bizarrement, il m'a virée de ses amis au bout d'une petite semaine. Je crois que la mémoire lui est revenue…).

Après lui, il y a eu Grégory (une histoire très différente, les rôles étaient plus ou moins inversés, il m'a même écrit un poème, mais il a aussi fini par me prendre pour une folle furieuse et par me fuir comme la peste). A l'unif, il faut évidemment évoquer l'affaire FBSR, qui m'a valu plein d'ennemis (dont le garçon dont je parlais au début de ce texte). Puis y a eu Alex, dont le GSM a toujours, je crois, mon nom en bonne place dans la liste des indésirables.

Avec mon dernier petit ami, ça a aussi failli définitivement mal tourner, mais on a rattrapé le coup in extremis (je n'en reviens toujours pas - peut-être que je m'assagis ?).

Et encore, là, je ne parle que de ceux avec qui il y avait un enjeu plus ou moins sentimental…

Il y a aussi les types que je déteste par principe. Leur tronche ne me revient pas, alors je me fous d'eux très ouvertement. Ce sont souvent des gros types bien sûrs d'eux, avec une voix irritante. Je leur tirerais bien la langue si ce n'était pas si mal élevé. A force, ils finissent quand même par s'en rendre compte. Et je m'en fais des ennemis pour la vie, youpie !

Même avec mes amis je me dispute parfois. Pour des broutilles, ou pour des raisons plus ou moins fondamentales. Ça fait toujours un peu mal, ces brouilles.

Il y a peu, je me suis fâchée avec un nouvel ami, en qui j'avais mis beaucoup d'espérances. Un gars beaucoup plus jeune, bourré de talent. Adorable. Si je dis "un mélange d'ange et de démon", tout le monde le reconnaîtra, et il n'aimera pas ça. Oh, tant pis... On s'est écrit des choses assez hallucinantes, des pages et des pages. J'avais rarement eu l'occasion d'aller aussi loin dans le fond des choses d'une dispute (ce garçon est décidément à la hauteur, je ne m'étais pas trompée).

On est plus ou moins réconciliés maintenant, mais y a quand même un petit truc cassé. C'est la vie, comme dirait le pion d'Hamilton (avec qui je ne dispute jamais, sauf pour des questions existentielles, comme par exemple savoir s'il est grave ou pas de faire croire à un enfant qu'on l'abandonne au bord de l'autoroute pour le calmer quand il fait la foire dans l'auto sur le chemin des vacances - Hamilton et moi n'avons ni l'un ni l'autre de voiture).

On ne se refait pas (oui, j'adore cette expression).

Et avec tout ça, je n'ai même pas vu ce film (qui est quand même fort, fort prétentieux)…