dimanche 6 mars 2011

[HUMEUR] Une seule solution : la défragmentation (bah quoi, c'était grève générale vendredi)


Hier soir, Hamilton était au resto avec de vieux amis pour un anniversaire. La fille a annoncé qu'elle était enceinte. Moi, pendant ce temps-là, je tentais pathétiquement de draguer sur Facebook des types entrecroisés.

Sur trois, un seul a répondu à mon invitation. Le seul qui n'est pas libre évidemment…

Je l'ai vu deux fois, ce type. Et encore, la seconde fois, c'était dans le tram. Il lisait un livre ancien. La veille, mon cœur avait fait boum quand je l'ai vu pour la première fois.

(Oui, c'est compliqué. En fait, je l'ai rencontré deux fois, mais deux jours de suite, et totalement par hasard. Enfin, je veux dire, totalement par hasard la seconde fois, dans le tram. Parce que la première fois, c'était à un anniversaire chez des amis communs, ou plutôt des amis à moi et des amis à sa copine - une jolie grande fille intelligente, une musicienne. Et mon cœur a fait boum car il ressemblait énormément à un ami dont j'étais très amoureuse à l'Université. En plus, je me suis aperçue qu'il était un collègue de cet ami en question, qu'ils se connaissaient bien, qu'ils allaient régulièrement discuter le coup sur le temps de midi - des musiciens).

J'étais tellement chamboulée que je suis allée me planquer aux toilettes, pour me remettre, et pour griffonner mon numéro de téléphone sur un bout de papier. Mais je ne lui ai pas passé finalement. Je n'ai pas eu le cran, et je ne voulais pas créer d'incident diplomatique dans le cas où mon manège aurait été découvert.

On ne se refait pas.

Je pense que c'est plutôt bon signe, que je me remette à échafauder des plans sentimentaux foireux. Ca prouve que je reprends du poil de la bête. C'est aussi bon signe que je vienne les raconter sur le Noctambule (en plus, ce blog commençait à faire long feu - qu'on se rassure, Hamilton prépare aussi un article, sur les jeux vidéo, et j'attends toujours avec impatience qu'il nous parle de ses amitiés centrifuges).

J'ai eu un petit coup de mou ces dernières semaines, pour des bêtes questions de boulot.

Un mauvais choix professionnel, l'impression de ne pas être du tout à ma place là-bas et de gaspiller les heures de ma vie, l'angoisse d'être coincée pour longtemps dans un job intellectuellement peu stimulant (et c'est un euphémisme).

(J'ai pas l'air comme ça, mais il faut savoir que ma carrière est très importante pour moi, car c'est la seule chose que j'avais toujours bien géré jusqu'à maintenant - j'expliquerai ça mieux dans mon blog à moi, que j'ai bien l'intention de ressusciter un jour, puisque par les temps qui courent, je vais avoir plus que jamais besoin de personal branding).

A force d'insatisfaction et d'ennui entre neuf heures et dix-sept heures, j'étais au bord du burnout. Ça va un peu mieux, mais ce n'est toujours pas brillant.

Mon cerveau tourne au ralenti et fait des trucs bizarres. Il bugue. J'ai parfois l'impression de percevoir des mouvements là où il n'y en a pas, et j'ai vu des cafards imaginaires courir sur mon beau carrelage noir. J'ai d'horribles trous de mémoire et d'énormes difficultés à me concentrer (pour donner une idée, je n'ai pas lu un seul livre en entier en 2011, j'arrive à peine à tenir la lecture d'un post de blog - la dimension maximale qui me convient dans ces conditions, c'est le statut Facebook).

Je me focalise là-dessus, et ça fait pire que mieux. Je fais un jeu avec mon cerveau, pour me rassurer (ça me fatigue plus qu'autre chose, mais bon). Je laisse mon esprit vagabonder d'une personne à l'autre, à toute vitesse, et je cherche à mettre un nom dessus. Je panique quand je bloque sur Benjamin Biolay ou Vincent Lindon.

Dans ces cas-là, j'ai presque l'impression d'entendre le "cr-cr-cr" des méninges qui tournent folles, comme des plaquettes de frein qui patinent (ou quelque chose comme ça - je suis nulle en mécanique).

(Le fait de m'être pris ces derniers mois quelques grosses cuites qui finissent en blackout complet de plusieurs heures n'arrange rien à l'affaire évidemment…).

Mon ex est neurologue. Je l'ai appelé pour lui parler de mes problèmes. Mais il ne semble pas prendre mon cas très au sérieux (en même temps, il n'a jamais pris grand chose qui me concerne très au sérieux).

Le salut serait selon lui dans le repos et une vie réglée (il peut parler, lui). Les idées se remettraient miraculeusement en place en dormant huit heures par jour et en mangeant à des heures régulières des plats équilibrés (et puis quoi encore : regarder la télévision plutôt que de m'étourdir sur Internet ?).

Je devrais décidément ne sortir qu'avec des geeks. Car eux pourraient me souffler une solution qui me séduirait davantage : une bonne défragmentation.

Je sens bien que c'est là qu'est le problème : c'est le foutoir dans ma petite tête. Les idées s'entrechoquent, les angoisses tapies, les souvenirs approximatifs, les factures en retard, les emballements, les projets, les frustrations, les sentiments contradictoires. Entre tout ça, je m'éparpille.

Je suis intrinsèquement une personne bordélique, y compris dans ma façon de structurer ma pensée. Mais jusqu'à présent, cela ne m'avait pas posé de problèmes "de performance". Je compensais ça par une certaine vivacité d'esprit (oui !) et beaucoup de feeling. Là, apparemment, ce n'est plus suffisant…

C'est passé de mode, les défragmentations. Ça se fait tout seul, maintenant, je crois, sur les ordis.

J'ai la mémoire qui flanche (je crois l'avoir déjà dit), mais je garde le souvenir vivace des défragmentations de mon adolescence. Mon père qui insistait pour qu'on le fasse régulièrement, et ça durait des plombes. Je revois ces couleurs qui se rassemblaient, ces espaces qui se comblaient : c'était joli.

Je veux ça, voilà. Appuyer sur un bouton, lancer un petit programme, et que ça trie.

Exit les souvenirs inutiles de vieilles histoires qui n'ont pas abouti. Basta les confusions entre ce qui est beau et ce qui fait seulement mal. Faire la part des choses entre ce qui relève du fantasme et ce qui existe vraiment. Unifier les projets, leur donner un sens unique et univoque. Zapper les interférences. C'est une condition indispensable, je crois, pour faire de la place pour autre chose.

Il est grand temps que j'arrête de perdre mon temps, à des bêtises.

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