dimanche 13 février 2011

[JEU] "Putain, les heals, mais arrêtez de vous toucher, sérieux !" : World of Warcraft, la cyberdépendance et toi


Cette chronique est affectueusement dédiée à Sedgewick Ier,
à ma connaissance le seul et unique gnome voleur d’Azeroth
ayant réussi à garder la tête haute et à survivre plus de
quatre secondes et demie en "tankant" par inadvertance
un boss dans la nécropole de Naxxramas.

ACTE I

Au tout début de ton périple, tu trouveras que ce jeu est assez sympa.
Au tout début de ton périple, tu trouveras que ce jeu est assez impressionnant.
Tu te promèneras dans un monde que tu percevras – après un rapide coup d’œil aux cartes alors encore brumeuses – comme gigantesque et diversifié.
Et tu auras raison : ce monde est gigantesque et diversifié.

Tu seras un nain guerrier de niveau 1, puis un humain prêtre de niveau 1... Les PnJ (personnages non-joueurs) te guideront gentiment et te proposeront des quêtes faciles, évidentes même, dans un univers cloisonné et protecteur. Tu devras décimer les trolls crins-de-givre faiblards qui traînent près de la mine, tuer quelques sangliers pas trop méchants, aller chercher de la bière... Des bêtises de ce genre.

Tu trouveras ces actions un peu idiotes, mais tu ne quitteras pas ton écran des yeux pour autant.
Deux heures plus tard, tu en seras à ton quarantième troll, à ton trente-deuxième sanglier et à ta seizième chope virtuelle.
Ton nain sera "déjà" niveau 5.
Tu seras content car Grelin Blanchebarbe t’enverra, par-delà le tunnel des Frigères, visiter Forgefer, la capitale imprenable creusée dans les montagnes de Dun Morogh.
Et tu n’en croiras pas tes yeux, la première fois que tu la verras.
Elle te fera penser aux mines de la Moria avant qu’elles ne tombent.

À ce moment-là, tu ne seras pas méfiant.
Mais s’il te plaît, méfie-toi !
Méfie-toi car tu vas "perdre" plus d’un an dans ce jeu.

Ce monde est celui de World of Warcraft. WoW pour les intimes.
WoW est un MMORPG : un jeu de rôle massivement multi-joueurs.
WoW est une franchise de Blizzard Entertainment.
WoW est payant.
WoW compte douze millions de joueurs actifs sur Terre.
WoW rapporte une petite fortune.
WoW se passe en temps réel, entièrement en ligne, dans un univers en 3D.
WoW ne dort pas.
WoW est une drogue.
WoW pourrait à lui tout seul être le sujet d’une thèse de doctorat sur la cyberdépendance.
WoW est formidable, WoW est dangereux.

Digression : mais pourquoi WoW est-il dangereux ?

Il est dangereux parce que tu auras toujours quelque chose à faire dans ce putain de monde virtuel...

Tu en auras forcément marre des quêtes répétitives. Tu fermeras de temps en temps les yeux et tu croiras alors pouvoir éteindre ton ordinateur à ce moment précis où tu sentiras la fatigue et la lassitude t’envahir. Pauvre de toi ! Car tu seras alors déjà presque à la merci des Titans d’Azeroth ! En effet, te diras-tu, pourquoi, avant d’éteindre WoW, ne ferais-tu pas une dernière petite quête vite fait ? Je vais bientôt monter d’un niveau, ce n’est qu’une question de minutes ! Oui mais voilà, la dernière quête dans WoW, c’est un peu comme le dernier verre de l’alcoolique : une promesse, un absolu que le drogué repousse sans cesse à plus tard, toujours à plus tard, à jamais à plus tard...

Pourquoi, te demanderas-tu dans la soirée, pourquoi ne partirais-tu pas avec ta pioche détacher quelques minerais que tu pourrais fondre et puis revendre ? Juste une petite heure, hein, et puis au lit ! Deux heures après, tu te rappelleras soudain que tu dois encore repasser par la capitale pour voir ton maître d’armes. Pourquoi pas demain ? Bah, c’est juste à cinq minutes d’ici : ce sera vite fait ! Et ainsi de suite.

WoW est aussi et surtout dangereux parce que tu ne seras pas le seul à y jouer.

Au plus tu évolueras dans ce jeu, au plus les autres joueurs gagneront en importance. WoW est multi-joueurs : tu n’en verras qu’une petite partie si tu restes seul dans ton coin. Alors, tu briseras la routine des quêtes solitaires et tu commenceras à participer à des instances : des donjons pour cinq joueurs ; plus tard, des raids pour 10 joueurs ; et enfin des raids pour 25 joueurs.

Les instances, ce sont ces parties du jeu où tu te retrouveras avec un groupe d’amis pour battre des monstres plus forts, que tu ne pourrais jamais battre en solo. À cinq joueurs, une instance fonctionne toujours de la même façon : un personnage joue le tank et se prend tous les coups ; un autre joue le heal et soigne l’équipée ; trois DPS font le plus de mal possible. Le tank et le heal sont très importants. Sans ces deux-là, tu ne pourras jamais finir une instance de ton niveau.

Tu ne choisis jamais la simplicité. Je te connais bien, mon vieux. Tu "monteras" d’abord un tank jusqu’au niveau 80 et tu recommenceras l’opération avec un heal. "Rien" que ces deux opérations de levelling (comme ils disent) te prendront 1347 heures de jeu (parce que tu es lent et que tu aimes flâner), 1347 heures de ta petite vie à la con. Ton nain guerrier, tu l’appelleras "Pardhotch", en souvenir du "Pardot" de l’alliance MonLeg. Ton humain prêtre, tu l’appelleras "Oldhaham" parce qu’il aura volontairement un air de ressemblance avec Will Oldham, le chanteur. Pour tous les autres, tu seras Oldy, le petit Belge de la guilde.

ACTE II

Tu seras un très mauvais tank. Un des plus mauvais de la Croisade Écarlate.
Par contre, tu seras un très bon heal. Du moins c’est ce que diront les gens de ta guilde.

C’est lié à ta personnalité dans la vraie vie : tu aimes rester loin de l’action.
Tu observeras le combat et aideras les autres joueurs en lançant tes Pénitences, tes Flash heals et tes boucliers protecteurs (tes "bubulles" dans le jargon) depuis ta "colline". Tu passeras des centaines et des centaines d’heures à ne faire que ça et tu en tireras une énorme satisfaction.

Tu t’achèteras un micro-casque pour pouvoir parler en temps réel avec tes compagnons. Pour discuter de tout et de rien, oui, mais aussi – et surtout – pour pouvoir réagir très rapidement dans une instance de haut niveau. Tu rencontreras des gens et tu comprendras, à travers certains spécimens – miroirs de toi-même – ce que c’est que de consacrer sa vie – ta vie – à un bête jeu.

Tu passeras tes soirées avec ton ami sympa et intelligent, scénariste de télévision, et son fils de 10 ans qui fait de l’équitation, qui se connecteront tous les soirs sur deux ordinateurs différents, dans deux pièces différentes de la même villa du sud de la France, se parlant (comme vous tous) par micros-casques interposés.

Tu passeras tes soirées avec ce militaire de carrière quelque peu instable, caricature presque parfaite du beauf qui a tout-vu-tout-vécu et à qui on ne l’a fait pas, hein, tantôt tendre, tantôt désagréable au possible, alcoolique depuis, dira-t-il, qu’il est revenu de Sarajevo, passant ses soirées de fin de trentenaire à chercher la tenue parfaite du combattant virtuel (quoi-Oldy-tu-portes-encore-du-T7-mais-faut-te-stuffer-mon-petit-gars !).

Tu passeras tes soirées avec son cousin, père d’un bébé en très bas âge, qui tiendra ce dernier dans ses bras tout en "tankant" un donjon avec son paladin et tu te demanderas comment il est possible d’en arriver là, techniquement mais surtout humainement parlant. En fait, tu ne seras pas loin de son cas, mais tu ne t’en rendras simplement pas compte. Car toi aussi, tu auras une charmante petite fille dont tu devras t’occuper, certains week-ends en tout cas.

Tu passeras tes soirées avec des couples qui égraineront leur temps sur ce jeu chronophage. Plus fou encore, tu vivras, en direct depuis tes écouteurs, la scène de jalousie d’un gars dont la compagne IRL (dans la vraie vie donc) sera mariée ingame (dans le jeu) à un autre joueur. Une scène de jalousie à cause d’un mariage virtuel. Mais est-ce réellement totalement virtuel ? Ce sont de vrais gens que tu rencontreras là-bas.

Chacun de ces personnages fera partie de ta vie.
Chacun de ces personnages sera un reflet de toi-même.

Et c’est à ce moment-là que tu deviendras méfiant.
Mais il sera trop tard.
Tu seras réellement en train de "perdre" un an dans ce jeu.

Mais au moins, à ce moment-là, tu t’amuseras encore.
Parce qu’après ça, tu ne t’amuseras plus.

ACTE III

Tu t’amuseras jusqu’au jour de l’arrivée des hardcore gamers dans ta guilde.
Un hardcore gamer, comme tu le sais déjà, c’est un joueur qui passe beaucoup de temps sur un  jeu, par opposition au casual, joueur occasionnel.

Sur WoW (et sur la plupart des gros MMORPG), la définition est un peu différente. Tout le monde y passe beaucoup de temps. Du coup, le type qui n’y passe "que" huit heures par jour et – surtout – qui n’optimise pas son stuff et son template à la perfection (traduction : qui est juste là pour s’amuser), est un casual.

Le casual passe sa vie sur WoW.
Le hardcore gamer passe sa vie pour WoW.

Dans un donjon ou dans un raid, en cas d’erreur de ta part et de wipe (la mort de toute l’équipe), tes amis casuals te diront : "C’est pas grave, Oldy, on va la refaire, mais en moins stressé !" ; le hardcore gamer, lui, te dira : "mais c’est pas possible, tu te touches ou quoi, le heal ? J’ai pas que ça à foutre, putain !".

Quand il te croisera dans la capitale volante de Dalaran, le casual te fera un "/salut" amical ; le hardcore gamer, lui, te dira : "va falloir optimiser ton stuff et ton template, mon gros noob ! Pourquoi que t’as mis cette gemme-là sur ton torse ? Et pourquoi que tu n’as mis que deux points dans Disciplines jumelles ?"

En fait, tu ne les remercieras jamais assez, ces hardcore gamers.
C’est grâce à eux que tu t’en sortiras, à la fin.

Car tu aurais encore pu passer beaucoup plus de temps sur ce jeu. Tu aurais pu terminer ce haut-fait super long (des milliers de quêtes à achever) pour être un Maître des Traditions. Tu aurais pu compléter ta collection de montures terrestres et volantes. Tu aurais pu faire des instances et des raids jusqu’à plus soif pour optimiser ton équipement.

Mais à ce moment-là, tu deviendras beaucoup trop méfiant.
Et il sera vraiment trop tard.
Tu auras réellement "perdu" plus d’un an dans ce jeu.

Après ça, tu recommenceras à jouer de nouveau plus souvent au badminton et surtout, plutôt que de t’enfuir dès 20h30 pour retrouver ton PC au plus vite, tu iras boire des verres avec tes amis du sport...

Avec certains succès et certains échecs.

ÉPILOGUE

Oh comme j’aimerais que cette chronique arrive – par je ne sais quel détour spatio-temporel – à tes yeux, cher Hamilton. Comme j’aimerais que tu puisses la lire en guise d’avertissement une heure avant que tu ne t’abonnes à ce putain de jeu. Mais tout cela est derrière nous désormais, n’est-ce pas ? Et puis, comme je l’ai déjà dit plus haut, je ne te connais hélas que trop bien : tu es quelqu’un de borné. Il faudra toujours que tu te fasses une idée par toi-même. L’avis des autres (même d’un toi futur) ne pèserait pas beaucoup dans la balance. C’est désespérant.

C’est d’autant plus désespérant que ce texte m’a furieusement redonné en vie de rejouer à WoW, aujourd’hui.

La nouvelle extension est sortie.
Paraît qu’ils ont entièrement refait les régions de Kalimdor et des Royaumes de l’Est.

"Suffirait" de réinstaller le jeu sur mon PC, de repayer l’abonnement mensuel et de reprendre mon prêtre là où je l’ai laissé l’an dernier, où tu l’as laissé l’an dernier, petit lâcheur, c’est-à-dire dans les bases de données de Blizzard Entertainment.

Et je me demande ce qu’est devenu mon ami Sedgewick.
Il n’est plus sur WoW désormais, ça je le sais.
J’ai son numéro de téléphone.
Son adresse e-mail.
Faudrait que je le recontacte, non ?

7 commentaires:

Andrew a dit…

Mon premier perso était aussi un nain guerrier : Werthof (en hommage à une légende vivante du royaume de Garona). Il a terminé ses jours piteusement, bloqué dans une crevasse de la vallée des Frigères, avant d’avoir pu réaliser le moindre haut fait ou mener à bien la moindre quête. C’était il y a 3 ou 4 ans, avec un "compte d’essai" que mon meilleur ami m’avait incité à ouvrir. Je ne savais pas encore qu’on pouvait utiliser la pierre de foyer pour se sortir de certaines situations délicates…

Après, je me suis rabattu sur des humain(e)s, sans jamais dépasser l’Acte I. Je n’étais pas assez doué, et peut-être trop individualiste, pour me mêler aux autres et intégrer une guilde. Et surtout, j’avais un peu peur de me lancer à fond dans l’aventure !

Mais j’ai connu le même émerveillement (étendue de la carte, découverte des capitales, tension des combats, etc.), la même attente de retrouver le jeu après une journée de travail, et la même difficulté à m’en extraire, parfois très, très tard dans la nuit, pour réussir à passer un dernier niveau ou achever une dernière quête. Je crois que ça me calmait, d’errer en solitaire dans la forêt d’Elwinn et d’explorer le monde d’Azeroth, même si je risquais de mourir à chaque pas dans les crocs d’un crocilisque ou sous les coups de hache d’un nain Sombrefer.

J’ai découvert les instances beaucoup plus tard, avec un "hardcore gamer" qui avait décidé de m’accompagner dans les donjons d’Outreterre pour que j’équipe à peu près correctement la démoniste (Octantia) qui avait migré sur le compte que je m’étais offert entretemps. On avait même monté un plan machiavélique pour entraver la progression d’un Tauren de bas niveau qui passait aussi beaucoup trop de temps sur le jeu. Malheureusement, ça n’a pas été une grande réussite (mais il serait furieux de l’apprendre).

C’est là que j’ai tout arrêté et que j’ai effacé le jeu de mon disque dur. J’avais bien mieux à faire (comme me replonger dans la littérature pour débattre à distance avec une charmante étudiante rencontrée au cours d’une quête IRL sur des terres lointaines), et des gens tellement plus importants avec qui passer mon temps qu’un tenancier d’auberge de Thelsamar ou qu’une vieille sorcière du Marécage d'Âprefange.

Aujourd’hui, je ne suis pas du tout tenté de m’y remettre, même si je me prends parfois à imaginer à quoi ressemblent les zones modifiées de la nouvelle extension…

C’était la petite histoire de ma plongée dans l’univers de WOW : des centaines d’heures perdues, quelques bons moments de jeu et beaucoup d’occasions gaspillées dans la vraie vie. Mais est-ce que je le regrette vraiment ?

Tantéplus a dit…

Perdre un an ?

Bof...

Passer des heures à classer des timbres ou à leveller un Nain, quelle différence ?

Dans mon village, il y avait des gens qui tapaient le carton au café toute la journée. Ils jouaient plus ou moins toujours la même partie de belote avec les mêmes adversaires. D'autres lançaient le cochonnet puis les boules dans un sens, puis repartaient dans l'autre et ainsi de suite. Ils discutaient de choses et d'autres, certains n'aimaient pas ça et voulaient qu'on soit "à la partie", ils rigolaient, il y en avait qui faisaient des concours, qui s'achetaient des boules de compétition et d'autres qui voyaient à peine le but, mais ça ne les empêchait pas de jouer ensemble un soir d'été.

Et ils se faisaient engueuler par leur femme quand la "dernière main" les faisait rentrer trop tard.

Sommes-nous si différents ?

Nous sommes de notre temps, c'est tout.

A la fac, je passais des nuits blanches au tarot, alors que certains passent des nuits blanches devant leur écran, ce n'est pas plus bête. Ce sont aussi des vraies personnes, de vrais contacts, de vraies amitiés.

Ce père et ce fils qui jouent ensemble sans se voir, à première vue ça peut sembler "épouvantable", mais finalement, ils auront partagé quelque chose dont ils se souviendront toujours ! Combien de pères et de fils ne partagent rien du tout ? Might & Magic, Morrowind sont parmi les meilleures choses que j'aie partagé avec le mien, et il n'y avait que des PNJ ! Puis on a découvert les jeux en ligne, c'était incroyable, la première fois qu'on a joué contre quelqu'un à des milliers de kilomètres, ça donnait le vertige. Après il a joué à ses propres jeux avec ses propres amis, un peu de WOW aussi, Guild Wars, je passais plus rarement derrière son épaule, c'est normal, c'est la vie...

Mais quand on en reparle aujourd'hui, on dirait deux anciens combattants !

Lionel, tu as encadré plusieurs fois "perdre" de précautionneux guillemets, et je crois que tu as bien fait : je vire le demi-siècle et je ne sais toujours pas ce qu'on appelle "perdre son temps".

Hamilton a dit…

@Syméonstylite : ah, en effet, nous avons des expériences de jeu similaires. Quelques remarques...

1. Je pense que beaucoup de joueurs qui choisissent l'Alliance (un des deux clans possibles dans WoW) prennent comme premier joueur un nain guerrier. Le personnage doit représenter une sorte d'absolu en matière d'heroic fantasy : celui qui tape le plus fort et qui "frappe" le plus l'imaginaire. Un gars simple et direct, quoi. Le guerrier est par contre un des plus difficiles à jouer dans ce jeu...

2. Au début aussi, j'avais du mal à faire autre chose que me "promener" seul dans Azeroth. Je pense même que c'est le souvenir dont je suis le plus nostalgique : être le seul dans ce jeu. Seul face à une pleine lune devant le phare de la Marche de l'Ouest, seul à pêcher du saumon dans les Grisonnes, etc.

Comme tu me l'as dit tout à l'heure, les "hardcore gamers" se contrefichent de cet aspect du jeu. Ils se contrefichent du "background". Ils se contrefichent, par exemple, qu'il existe un bateau perdu "qui ne sert à rien" entre deux continents de l'Outreterre, vestige d'une époque maritime révolue, etc.

3. Les instances, tu les as découvertes en "rush" si je comprends bien : un gars de haut niveau les faisait avec toi, juste pour te procurer du bon équipement. Tu as raté une partie sympa (mais dangereuse) du jeu, celle consistant à se concentrer en équipe pour atteindre un but commun, avec la tension nerveuse qui l'accompagne.

C'est peut-être pas plus mal...
Merci pour ton message en tout cas.

Hamilton a dit…

@Tantéplus : on est d'accord en ce qui concerne le fait de "perdre un an". Je n'ai pas réellement "perdu" un an. C'est pour ça que j'ai précautionneusement placé le verbe entre guillemets, en effet. Je ne sais pas non plus, à trente ans pour ma part, ce que signifie perdre ou gagner son temps.

Mais, à y réfléchir, j'ai raté bêtement de nombreuses soirées avec des amis (IRL), simplement (exemples parmi d'autres) pour pouvoir terminer pour la vingt-cinquième fois les Grottes du temps à Stratholme ou pour réaliser, jour après jour, des quêtes journalières monotones uniquement afin d'avoir, après un mois de "labeur" quotidien, un bête dragon épique.

Et c'était vraiment différent de ce que je pouvais trouver, en termes d'amitié, dans l'alliance MonLeg. Les amitiés étaient sans doute plus fortes sur WoW mais c'était plus malsain, je pense. Une comparaison avec l'armée ne serait sans doute pas erronée : une camaraderie liée au fait que l'on doit compter constamment les uns sur les autres et (le mauvais côté) des "raid leaders" qui te parlent comme s'ils étaient ton sergent.

Ce jeu est devenu pour moi une forme d'obsession, malsaine quand elle atteint une telle hauteur. Je ne suis pas certain que l'on puisse trouver un tel niveau de dépendance en jouant à la belote (j'adore la belote et j'en garde de très bons souvenirs en famille, avec feu mon grand-père comme partenaire attitré).

Dans un MMORPG comme WoW, il y a à mon sens une isolation sociale et une froideur au-delà de la chaleur des rencontres, choses que j'ai rarement rencontrées IRL.

Bref. À méditer !
Je n'ai vraiment pas de réponses toutes faites.
Et, comme je l'ai fait comprendre dans l'article, je me suis vraiment amusé sur ce jeu, aussi, faut pas croire !

Tantéplus a dit…

Avec le recul, certains choix que l'on a faits peuvent nous paraître étranges ou injustifiés, mais ils correspondent à ce que nous sommes à un moment donné, au moins autant qu'aux contraintes extérieures.
On sort ou pas, on voit des gens ou pas, on voyage ou pas, parce qu'on a un travail trop prenant, qu'on habite un trou perdu ou qu'on joue à WoW. Mais vient le temps où on "change" (je n'aime pas "évolue" qui implique un mieux/moinsbien qui n'est pas mon propos), on quitte son job, on déménage ou on désinstalle WoW et le reste change en suivant.
Ces changements arrivent en leur temps, quand on y est prêt, comme une conséquence naturelle de ce qui a précédé et je ne pense pas qu'il seraient davantage profitables s'ils intervenaient à contre-temps.
Par exemple, pour ce qui nous occupe ici, je remarque que parmi les personnes que je connais qui ont subi cette dépendance (ou analogue avec un autre jeu), la période de "un an" semble être la norme ! Un web-mystère de plus...

'Tsuki a dit…

Il est excellent ce texte, ça permet de comprendre un peu (pas tout, mais c'est comment dirais-je... un genre d'initiation) l'univers de ces gamers devant lesquels je suis souvent dubitative. Je suis assez d'accord avec Tantéplus, d'ailleurs : c'est un passe-temps comme un autre après tout, et je ne crois pas que comater au pastis en tapant le carton d'un comptoir soit bcp plus constructif que l'immersion dans wow. A la rigueur wow semble moins dangereux pour le foie...

On cherche tous plus ou moins des trucs qui nous passionnent suffisamment pour que le temps paraisse moins long, parce que quand même, c'est foutrement long, 80 ans...

Hamilton a dit…

Salut 'Tsuki,

Merci pour le "compliment d'excellence"...

Pour tout dire, je suis moi aussi plus ou moins d'accord avec le fait que ce n'est pas plus ridicule de passer du temps (beaucoup de temps) sur WOW qu'à une terrasse de café à jouer à la belote (ou à tout autre jeu) en sirotant de l'éthanol...

Ce texte est somme toute très personnel. Je ne conseille à personne d'arrêter ce jeu. Par contre, je ne regrette pas de l'avoir supprimé de ma vie.

Quatre-vingts ans, c'est en effet FOUTREMENT LONG... Raison pour laquelle je me remettrai peut-être à WOW lorsque j'en aurai cinquante de plus, si ce jeu et moi arrivons jusqu'à cet âge canonique !

Bien cordialement et merci d'avoir commenté !

Hamilton

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