[HUMEUR] Honneur aux dames

Doit-on écrire "preums", "prems" ou "prem’s " ?

Bon, je vais dire "Honneur aux dames", comme ça y a pas de soucis.

(Et qu’on ne vienne pas chicaner, CECI est bien le premier coup : l’introduction ne comptait pas).

Bonjour. Enchantée tout ça…

Je suis Léandra et je n’aime pas les échecs.

Il en a du culot, ce vieux schnock d’Hamilton, d’oser m’inviter, moi, Léandra, sur un blog thématique consacré à ce jeu stupide (car il a beau avoir précisé "Ceci n’est pas un blog d’échecs" - il se prend pour Magritte ou quoi ? -, personne n’est dupe. D’ailleurs, la preuve, ce sont les petits pions gris et blancs qui dégringolent sur l’arrière-fond, que même ça fait mal aux yeux).

(Enfin, des pions, il faudrait plutôt dire « des pièces ». Mais tout le monde s’en fout, moi la première, de ces chipoteries de puristes. Me rappelle les bêtes filles de mon adolescence, qui montaient sur leurs grands chevaux - ou leurs grands cavaliers, héhé - quand on osait parler des "pattes" d’un cheval : "On dit une JAMBE, parce que c’est un animal noble" - et là il faut imaginer l’horrible accent de la région du Centre, l’appareil dentaire à plaquettes et la minivague en vogue début des années 90, un cauchemar).

Je n’aime pas les échecs, donc. Je préfère les dames (et pourtant, dieu sait que je suis hétéro).

Hamilton est bien placé pour le savoir, pourtant : je l’avais écrit dans la Colonne. Évidemment, personne ne sait ce qu’est la Colonne. Bon. Il faut tout expliquer, c'est chiant.

La Colonne, c’est un journal d’étudiants dont Hamilton était le rédacteur en chef. Il écrivait déjà à l’époque sur ses thèmes de prédilection : le rock alternatif et la science-fiction (quel homme constant, c’est impressionnant). Moi, je collaborais occasionnellement par de petits billets où je parlais déjà d’amour et de mes états d’âme (je suis aussi une fille constante, il faut croire : en voilà, une bonne nouvelle).

Dans le cadre d’un numéro spécial consacré aux jeux (quelle idée !), j’avais commis un article assez mauvais intitulé « Échecs et moi » (une pitoyable tentative de jeu de mots sur « Échecs et mat », qui n’aurait été drôle que dans le cas - hautement improbable - où je me serais appelée Mathieu).

(C’est bizarre, pour moi, un titre si mauvais. Normalement, c’est mon fort, de pondre des jolis titres, qui donnent envie, que même on est un peu déçu après en lisant la suite. J’avais d’ailleurs écrit un texte là-dessus dans un précédent blog ).

(Car oui, je suis une vieille de la vieille : j’ai « tenu » au moins trois blogs dans le passé, peut-être même quatre. Hamilton ne mentait pas quand il disait à mon propos "une amie de très longue date qui connaît bien l'univers des blogs" - mais il s'avançait un peu en affirmant "qui a par ailleurs la chance de posséder le don inné de captiver son lectorat par ses récits hauts en couleurs !").

Dans cet article donc, j'expliquais toutes les mauvaises raisons pour lesquelles j'étais incapable de retenir les règles du jeu d'échecs.

Je suis un peu anarde, quand ça m'arrange : je refuse de suivre des règles.

(A l'époque de la Colonne, je sortais avec un anarchiste, l'homme le plus doux du monde. Il m'en est resté quelques séquelles... Lui organise maintenant régulièrement des après-midi jeux de société, auxquelles je refuse d'aller, parce que c'est nul, les jeux de société, et surtout parce que sa nouvelle petite amie y sert des gâteaux écossais dégueulasses - les miens sont les seuls bons, ça ne souffre aucune discussion).

Ah, la Colonne. Ah, ces années d'université… Que de souvenirs, mes enfants. Que de serrements de cœur rien que d'y repenser…

FBSR. François, en vrai (cette fois je n'ai pas envie d'utiliser un pseudonyme).

Je suis tombée raide dingue amoureuse de ce type en deux minutes, c'est fou.

(Je l'ai revu le semaine passée. Il se dégarnit et envoie - pas à moi - des cartes postales virtuelles de Noël hyper moches, avec la tronche de son gamin à lunettes, de sa copine blonde et une faute d'orthographe).

François écrivait aussi pour la Colonne de temps en temps. Son style était très pompeux (j'aime ça, intrinsèquement, ceci étant).

Notre relation était complètement tordue. Entre clandestinité et lavage de linge sale en public. Amitié et désir. Amour et méchanceté gratuite (de ma part surtout).

J'écris entre parenthèse (dont j'abuse, c'est un fait) "de ma part surtout", mais il n'était pas en reste, le François. Il était juste plus sournois. Il m'a fait un de ces coups, une fois... Allez, je raconte.

Son texte dans la Colonne parlait d'un vague truc, j'ai oublié quoi. Pour moi, ça n'avait pas d'importance. La seule chose qui m'intéressait, c'était de trouver les messages planqués pour moi dans ses articles. J'ai été servie…

"Ceci me rappelle, non sans tristesse, les lais en draps qui, dévoilant toutes leurs richesses se laissent admirer, mais dévoilent quand on les retourne d'insoupçonnées moisissures".

(lais en draps = Léandra. C'était donc moi la moisissure. Sympa, hein ?).

Les hommes ont souvent été méchants à mon égard. C'est con, parce que ce n'est pas le bon plan pour se débarrasser de moi. J'en redemande…

Mon dernier petit ami en date (un fan d'échecs lui aussi), me traitait comme une moins que rien. Nous sommes resté un peu plus de deux ans ensemble. J'en suis sortie un peu sonnée, mais je vais mieux maintenant, merci.

Mon ami Boris, un artiste, dit toujours : "Alors, c'est quoi ta nouvelle marotte, Léandra ?". Eh ben cette fois, je serais bien en peine de lui répondre.

Voilà que Hamilton m'invite pour parler d'amour et de désir sur son blog, alors même que pour la première fois depuis au moins quinze ans je ne suis pas amoureuse. C'est bien sa veine…

De quoi vais-je bien pouvoir vous raconter ? J'ai bien essayé à une époque de parler de trucs de geekette, parce que c'est mon autre passion (avec l'amour et l'amitié). Mais ça manquait de sensibilité, et donc c'était un peu plat.

Je vais y réfléchir, en reparler à Hamilton.

En attendant, je vais lui redonner la parole.

Honneur au Roi, au Fou, à la Tour ou au Dada - comme il voudra. Vous êtes entre de bonnes mains…