mardi 18 janvier 2011

[MUSIQUE] slint, "spiderland" (1991)


Oh, vous savez, ces types sont fous.
Fous et géniaux.
Je vous connais bien. Je sais que vous n'aimerez pas.
Mais essayez quand même d'écouter ne fut-ce qu'une chanson jusqu'au bout. Une seule !
Commencez par la fin de l'album par exemple, par "good morning, captain".
N'oubliez pas de mettre le volume à fond, d'éteindre les lumières et de ne rien faire d'autre que d'écouter.
Vous n'aimerez sans doute pas.
Mais essayez quand même...
Pour faire plaisir à un vieux fou.

J'ai écouté cet album pour la première fois à l'université lorsque j'avais 22 printemps. Je l'ai écouté mais je ne l'ai pas vraiment entendu (à moins que ce soit l'inverse ?). À l'époque, je collectionnais compulsivement tout ce qu'éditait le jeune label montréalais Constellation (Godspeed You! Black Emperor, A Silver Mt. Zion, Do Make Say Think, etc.). J'adorais (et j'adore encore) les groupes estampillés, à tort ou à raison, "post-rock" ou "avant-rock" et je voulais mettre sur la platine ce que d'aucuns me présentaient comme le disque fondateur du mouvement, le disque "séminal", celui qui a donné naissance à tant d'autres groupes.

J'ai été très déçu.
L'album ne ressemblait à rien d'autre.
Je l'ai survolé d'une oreille distraite.
J'attendais tout autre chose.
L'album ne ressemblait tellement à rien d'autre que la rencontre n'a pas eu lieu.
Je l'ai très vite rangé dans son boîtier.
Et je suis passé à autre chose.
Quelle erreur !

La pochette de "spiderland"
En fait, Si je n'ai pas accroché à la première écoute, c'est parce que ce  disque est tellement différent de tout autre album qu'on ne peut à mon sens l'écouter sans s'y plonger à corps perdu. C'est tout ou rien. Un absolu. "spiderland" de slint [album complet] n'est pas un album fondateur. C'est encore mieux que ça. C'est un album unique. Personne n'avait jamais composé un truc pareil avant et personne ne le fera plus jamais après, si ce n'est pour pondre une pâle copie (j'ai quelques exemples en tête). D'ailleurs, le groupe se séparera peu après et c'est presque logique. Que faire à la suite d’une chose pareille ?

Huit ans après mon premier échec auditif, je décide de réécouter cet album... Et je me demande alors, dès les premières notes de "breadcrumb trail", comment j'ai pu passer à côté d'un truc aussi monstrueux. Mais je connais très bien la réponse : je n'étais pas prêt, voilà tout. Depuis, j'ai réécouté "spiderland" des centaines de fois. J'ai commandé la version vinyle. Et il n'est pas un jour de ma vie sans qu'un des six morceaux composant ce chef-d'œuvre ne me revienne à l'esprit.

Ces types sont fous et géniaux.
Cet album est fou et génial... et dangereux.
Si vous me lisez toujours à cet instant précis, c'est que vous êtes sans doute un tant soit peu intéressé.
Ou alors vous aimez déjà "spiderland" de slint et vous cherchez plus d'informations sur cet album.
Si c'est le cas, vous n'apprendrez rien de nouveau.
Peut-être que vous devriez arrêter de lire, maintenant.
Ou pas.
La décision vous appartient de toute façon.
Si vous décidez d'arrêter la lecture, mes paroles seront un peu comme celles du capitaine de la sixième et dernière piste de "spiderland" : perdues dans l'étendue glacée et déchaînée de l'océan polaire.

1. "breadcrumb trail" ou un bref signe d'espoir mangé par les oiseaux



L'album commence calmement avec une mélodie basée sur une série d'harmoniques (ces notes cristallines que l'on obtient notamment sur une guitare en effleurant une corde à un endroit précis – elles sont très présentes dans "spiderland"). Les paroles sont d'abord déclamées et non chantées (une autre caractéristique de l'album).

Littéralement, cette chanson décrit l'histoire (racontée à la première personne) d'un homme dans un parc d'attraction ou une fête foraine. Il est à la recherche du bateau pirate mais son attention est attirée à un moment par une vieille tente bleue éclairée par des lumières blanches, dans un coin du parc. Il décide de s'y rendre et en chemin, il croise un attroupement de spectateurs et ne comprend pas pourquoi ceux-ci attendent docilement en rang. Dans la tente, il rencontre une diseuse de bonne aventure qui lui propose de lire son avenir. Après avoir accepté, il décide, à la place, d'inviter la dame à faire un tour de montagnes russes.

Ensuite, les guitares s'énervent, la batterie s'emballe. Le narrateur commence à crier. Les émotions deviennent plus fortes : le gars monte et descend avec la fille, sur les montagnes russes. C'est une troisième caractéristique de l'album : la musique et les paroles suivent exactement les émotions présentes

Détail qui n'a rien à voir avec le reste de l'histoire mais que le narrateur perçoit (et qui participe à l'ambiance de la chanson, à cette sensation d'immédiat) : tout en bas, un homme sale se curant les dents a, à ses pieds, un seau rempli de tickets déchirés. Il contrôle les tickets des enfants. Sur les montagnes russes, l'homme et la diseuse de bonne aventure ont la tête qui tourne, crient, se tiennent la main, puis redescendent... La fille chancelle, se tient l'estomac et vomit.

Court solo de guitare, l'apogée du morceau, puis tout redescend.

Et puis... Et puis... C'est fini. Le soleil se couche. Ils sont fatigués, parviennent néanmoins à sourire... L'homme dit au revoir à la diseuse de bonne aventure. Avant de s'en aller, il voit les lumières de la fête colorer son visage et pourrait presque dire qu'elle rougit. Rien d'autre.

Comment interpréter cette chanson ? Je dois vous avouer que j’y ai beaucoup réfléchi. Néanmoins, "spiderland" est tellement expressionniste, torturé et labyrinthique que vous pourriez avoir une idée totalement différente de la mienne. C’est valable pour l’entièreté de cette chronique. Vous voilà prévenu !

"Breadcrumb trail" est un terme qui fait directement référence à Hansel et Gretel des frères Grimm : ce sont les morceaux de pain que les deux enfants laissent derrière eux pour marquer leur chemin, à la manière du Petit Poucet de Perrault. C'est un fil directeur, un moyen de retrouver la route de la maison... Sauf que le pain est mangé par les oiseaux ! 

Sur le Web, vous trouverez diverses interprétations de cette chanson : par exemple qu'il faut la prendre pour ce qu'elle est (l'histoire d'une rencontre éphémère) ou qu'il faut y voir une allusion au sexe (les montagnes russes : Creeping up into the sky, stopping, at the top and starting down) ou encore à la drogue (notamment par l'utilisation du terme white lights et le fait de monter et de descendre, comme dans un trip). Ça peut être tout ça... mais aussi autre chose, surtout quand on écoute l'album dans sa totalité.

Ce morceau, qui commence l'album par une histoire presque positive, nous annonce clairement la couleur : le fil directeur ("breadcrumb trail"), ce court instant de bonheur et de relâchement dans une fête foraine, va être dévoré par les oiseaux. C'est un avertissement : profitez de l'instant présent  (ou encore : ne restez pas dans les rangs, comme ces gens aperçus dans le parc) car cet instant de bonheur est fugace et ne durera pas. 

Cette histoire d'un gars qui prend sa vie en main et invite une inconnue à un tour de montagnes russes est la seule note positive de l'album. Le reste parle de solitude, d'isolement, de refoulement, de regret, de remord et d'autres sentiments très froids. 

Par ailleurs, même dans cette chanson, il y a déjà un petit arrière-goût de malaise et de "trop peu". La relation est non aboutie et vouée à l'échec. Les harmoniques, les accords dissonants, tout cela montre qu'il y a un truc qui cloche. Peut-être n’est-ce même qu’un rêve ?

2. "nosferatu man" ou l'isolement volontaire


"nosferatu man" en concert. Ah oui, j'oubliais : les musiciens   
de slint sont presque immobiles quand ils jouent.

I live in a castle, I am a prince. On days I try to please my queen.
Encore une allusion aux échecs ? Ha ! Non.

"nosferatu man" est une tuerie rythmique. Dès le début, la batterie est syncopée et bancale (mesure à cinq temps, 5/4), puis le batteur (Britt Waldord, saluez sa performance) change de rythme, encore et encore... Et le reste du groupe suit, comme un seul homme. Vous avez l'impression que votre cœur saute un battement, ou plutôt réalise un battement de trop à l'écoute de ce morceau ? C'est normal.

Les guitares sont très épaisses, saturées, déformées (il y a une composante hardcore dans ce groupe)... Et malgré tout, la mélodie est remplie de subtilités sonores que vous n'entendrez peut-être pas à la première écoute : des harmoniques et des pincements de cordes aériens qui sortent du chaos bruitiste.

Cette chanson fait clairement référence au vampirisme (cf. "Nosferatu", le film de Murnau) : c'est l'histoire (toujours à la première personne) d'un prince qui vit dans son château, qui se comporte comme une chauve-souris et qui finit par mordre sa "reine". C'est aussi la première rencontre avec le thème (récurrent dans cet album) de l'isolement absolu. Les paroles comportent une idée assez impalpable, en rapport avec une femme perdue à jamais, morte.

Now my queen is fine in her early grave.
After that girl I'll keep her war.
There's nothing more to save.

L'histoire commence sur une relation "normale" (un dîner, un sourire à la femme – sa "reine" – qui lui a fait à manger) mais qui très vite se transforme en autre chose (il s'enfuit, comme une chauve-souris). Cette chanson pourrait être la métaphore d'un homme qui n'assume pas une relation amoureuse à long terme, préférant la détruire (la tuer symboliquement) que de rentrer dans une routine qu'il est incapable de supporter...

3. "don, aman" ou la phobie sociale poussée à l'extrême



Deux guitares dissonantes et une voix chuchotante narrant les péripéties de Don, un gars solitaire et refoulé dans un rassemblement d'amis (une fête ou un bar ?)... Cette chanson décrit avec une merveilleuse précision la sensation de suffocation que l'on ressent lors d'une crise aiguë d'anxiété sociale.

Don stepped outside... Don quitte la fête pour reprendre ses esprits dans la rue. La première partie de la chanson représente le calme de la nuit : un avion silencieux passe au-dessus de lui ; les lampadaires, les bourgeons des arbres, tout est calme. Il se sent bien quand il est seul, mais se remémore une phrase stupide et vide de sens qu'il a prononcée durant la soirée. Il essaye d'oublier. Il essaye d'uriner. Il prend une grande bouffée d'air pour se donner du courage et finit par retourner au cœur de ce qui constitue pour lui un tumulte et non un amusement.

The light. Their backs. The conversations. The couples, romancing, so natural. Une fois Don rentré, les guitares deviennent plus stridentes et oppressantes (avec deux harmoniques placées avec soin et utilisées dans ce cas-ci pour appuyer le sentiment d'oppression). Don ne sent pas bien : il n'aime pas les lumières ; il scrute les gens, les couples discuter si naturellement ; il voit ses amis qui le regardent bizarrement ; il voit le regard des autres, distants, moqueurs. Et, forcément, il ne peut pas danser. Beaucoup de personnes ont déjà eu – du moins je pense – cette sensation d’extériorité par rapport à une situation de groupe. Ici, l’anxiété de Don est clairement décrite comme obsessionnelle : c'est le paroxysme de la crise d'angoisse...

Don left, and drove, and howled, and laughed at himself. Il finit par quitter la soirée pour prendre sa voiture. Au cours du trajet de retour, il hurle et rit de lui-même. Des guitares saturées et nerveuses représentent le court accès de folie libératrice de Don dans sa voiture.

Puis tout redevient comme avant, pacifié, avec les mêmes guitares dissonantes qu'au début du morceau. Le cycle est bouclé, quoique... Après une nuit de sommeil, Don réfléchit à la soirée de la veille. La chanson se termine par une étrange formule : He knew what he had to do. He was responsible. In the mirror, he saw his friend.

Certains ont vu dans cette dernière phrase une référence au suicide. Peut-être peut-on seulement y voir au contraire la vie qui continue dans un "éternel" et morne recommencement. Don est un solitaire ; il se voit dans le miroir et y rencontre son seul et unique ami. Et enfin, pourquoi ce titre ? Que signifie cet "aman" ? Après "nosferatu man" (l'histoire d'un homme qui a tout – un château, une reine – mais qui se réfugie quand même dans la solitude et dans une vie de vampire), voici presque l'inverse : Don, un "aman" (le "a" privatif accolé à "man" signifierait alors "non-homme" ou tout au moins quelqu'un qui est considéré comme tel en société ?), c'est-à-dire un homme seul, extérieur aux choses et aux gens, qui le vit bien ou mal selon les circonstances.

4. "washer" ou la profonde nostalgie d’un amour déchu



"washer" est la seule chanson de "spiderland" construite sur base d’une mélodie assez consonante, avec en outre des paroles chantées et non déclamées. Le morceau constitue la mise en musique de ce qui ressemble très fort à une déclaration d’adieu d’un homme à l’amour de sa vie (ah oui, cet album n’est pas très joyeux, je vous avais prévenu – et la suite est du même tonneau, voire pire !).

Les paroles font penser à une rupture amoureuse très douloureuse. L’homme coupe totalement les ponts avec l’être aimé, ne veut plus voir la personne (I won't be back here though we may meet again) mais lui écrit néanmoins un message (le dernier ?) et reste très protecteur dans ce qu’il dit (I know it's dark outside. Don't be afraid). Il est par ailleurs grandiloquent à certains moments dans son phrasé (comme avec le très beau Fill your pockets with the dust and the memories that rises from the shoes on my feet ou encore ce Wash yourself in your tears and build your church on the strength of your faith, qui donne par ailleurs sans aucun doute son nom au titre du morceau, "washer").

La fin de la chanson est d’une très grande tristesse (enfin, pour être tout à fait exact, d’une tristesse encore plus prononcée que son début) et fait implicitement penser au suicide ou, tout au moins, à une forme de suicide social. Cette "lettre" d’adieu pourrait être la dernière avant son décès (il parle de sommeil sans rêve, ce qui peut faire penser soit à la mort, soit aux somnifères : I am too tired now, embracing thoughts of tonight's dreamless sleep. My head is empty, my toes are warm. I am safe from harm). C'est une version très romantique du fameux "ma vie ne vaut pas la peine d'être vécue si tu n'es pas à mes côtés".

Après six minutes et demie de cet acabit, les paroles s’arrêtent, suivie d’un long soupir venu de très loin... Et c’est à ce moment que "washer" passe du statut de chanson excellente à celui de mélodie géniale : pendant trente courtes secondes, l’ensemble va gagner énormément en intensité : une première guitare lourde va très vite être rejointe par une seconde, hurlante et plus aiguë. Une apogée mélodique que beaucoup de groupes de post-rock essayeront de reproduire plus tard, sur des plages souvent beaucoup plus longues, avec plus ou moins de succès.

5. "for dinner..." ou le calme avant la tempête



"for dinner" est une plage instrumentale (la seule de l’album) ou il ne se passe pas grand chose, en apparence. À certains moments, une des guitares répète de manière cyclique le même accord. On croit alors que le morceau va décoller mais... non. Tout reste relativement calme. La batterie reste en retrait, les guitares sont sous tension.

"for dinner", c’est clairement le calme avant la tempête. Le morceau prépare l’auditeur et maintient le suspense pour la chanson qui suit et qui constitue le clou de l’album. Un morceau tellement somptueux, puissant et hanté que les cinq minutes de retenue qui le précèdent ne sont pas de trop.

6. "good morning, captain" ou les remords du vieux marin abandonné



Tout d'abord, il y a la batterie.
Elle est accompagnée d'une ligne de basse très simple et hypnotique.

La batterie et la basse imitent un océan froid et déchaîné. C'est leur seul but : imiter de manière implacable la fureur des éléments. "good morning, captain" est une chanson romantique : elle est passionnée et tourmentée, à l'instar d'un tableau de Caspar David Friedrich ou d'un poème de Goethe. Les percussions, imprévisibles et complexes, sont la mer, sont un bateau balloté, déchiré par les vents violents d'une tempête ; les cymbales qui apparaissent furtivement sont les grandes vagues menaçantes heurtant le rivage glacé d'une contrée polaire (l'Antarctique ?).

Ensuite, il y a les guitares, tantôt calmes, tantôt enflammées.

Les premières minutes de la chanson sont composées de deux accords lancinants qui s'ajoutent de temps en temps au son perpétuel de la batterie et de la basse. À certains moments du morceau, les guitares gagnent en intensité : les cordes s'énervent, redeviennent calmes, s'énervent à nouveau, redescendent subitement, puis s'énervent encore une fois, jusqu'à l'apothéose finale. Calme – tempête – calme – tempête - etc.

Enfin, il y a les paroles, chuchotées puis criées, d'une voix semblant venir d'Outre-tombe.

L'histoire est celle d'une rencontre fantasmagorique entre un capitaine de navire et un enfant, rencontre qui n'aboutira jamais. La scène représentée est d'ailleurs totalement improbable ; elle fait partie d'un monde rêvé, ou plutôt d'un cauchemar : d'un côté la mer glaciale et les lambeaux d'un navire dont le capitaine est le seul survivant (le mur glacé du rivage est tâché du sang de son équipage) ; de l'autre, une maison, fermée par une porte en bois, et dans laquelle vit un enfant. Le tout dans le même environnement, très froid, mortel et désert.

Bien des aspects de cette histoire rappellent La complainte du vieux marin (The Rime of the Ancient Mariner), célèbre poème romantique en sept parties écrit par Samuel Taylor Coleridge (1798). Dans ce long poème, un vieux marin invité dans une cérémonie de mariage raconte à l'un des convives l'histoire extraordinaire qu'il a vécue des années auparavant : le récit d'un bateau dévié de sa trajectoire par une violente tempête et par des vents contraires, qui se retrouve coincé dans les glaces de l'Antarctique. Les marins arrivent à s'en sortir grâce à l'apparition d'un albatros, qui les guide à travers les brumes vers des eaux plus clémentes... Mais le marin tue l'albatros, entraînant la vengeance du ciel et l'arrivée d'événements surnaturels et cauchemardesques. Le marin est alors maudit et condamné à voir mourir le reste de l'équipage à petit feu. Il reste seul et ne trouve le salut que dans la rédemption et la prière, grâce à laquelle il parvient à revenir, seul, à bon port et à raconter son histoire à travers le monde.

Dans "good morning, captain", le capitaine se retrouve aussi tout seul et a apparemment, tout comme le vieux marin du poème, quelque chose à se reprocher (bien que dans cette version, on ne sache pas quoi). Tous les efforts du capitaine sont ici concentrés dans une tentative désespérée de dialogue avec le mystérieux enfant, pour qu'il puisse passer la porte d'entrée :

"Let me in," the voice cried softly from outside the wooden door.
"I'm the only one left. The storm took them all", he managed as he tried to stand.
"Please, it's cold."
"Help me," he whispered, as he rose slowly to his feet.

L'enfant, timide et effrayé, regarde le capitaine à travers la fenêtre mais ne le laissera jamais entrer. Il est perdu à l'intérieur de la maison, tandis que le capitaine se voit condamné à rester à jamais à l'extérieur. Les derniers mots du capitaine seront :

I'm trying to find my way home and I'm sorry. And I miss you.

"Tu me manques"/"I miss you". À la toute fin du morceau et de l'album, ces paroles seront criées par le capitaine à quatre reprises, d'une voix caverneuse, déchirante et venant de très loin...

"good morning, captain" tourne autour de divers thèmes, récurrents dans "spiderland" : l'isolement complet (encore une fois), l'incapacité de communiquer, l'absence de relation, le remord... Le capitaine est maudit, banni à jamais. Quant à l'enfant, il est seul et apeuré. Plusieurs interprétations sont possibles... L'image du capitaine pourrait coïncider par exemple avec la figure du père absent ou violent (voire assassin ?), que l'enfant ne reconnait plus ou ne veut plus revoir. Le capitaine pourrait être mort, obligé d'errer jusqu'à la fin des temps dans les limbes (la mer glacée et tourmentée). La porte pourrait marquer l'entrée vers un autre monde : le monde des vivants ou le monde des morts par exemple. L'enfant pourrait être le capitaine lui-même, qui essaye de revenir sur l'insouciance de sa jeunesse, sans y arriver. Quoi qu'il en soit, une mauvaise action empêche le capitaine d'arriver à son but. Et dans chaque cas, le "I miss you" final donne à l'interprétation une signification différente.

Ou alors, ce n'est rien de tout cela.
Rien de tout ceci n'est vrai.
Vous savez, ces types sont fous.
Fous et géniaux.
Je suppose que vous n'avez pas aimé.
Mais, au moins, j'aurai essayé.

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